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Sur le plan stylistique comme sur le plan iconographique, le portail du Couronnement est le plus homogène des trois portails de la façade occidentale de la cathédrale parisienne. Consacré à Marie, ce portail se situe dans la lignée de l’expansion de la dévotion mariale en cours au moins depuis le milieu du xiie et dont le portail Sainte-Anne, du moins pour son tympan et son linteau, témoignait déjà dans les années 1140. Il est divisé en trois grands moments, parfaitement visibles sur la gravure qu’en a donnée Le Gentil de La Galaisière1 : rois et prophètes au linteau inférieur et aux voussures, Dormition au large linteau supérieur et enfin Couronnement au tympan, de proportions relativement écrasées en raison des dimensions des deux linteaux. Quant au trumeau et aux ébrasements, que l’on aperçoit déjà partiellement sur la représentation de la façade par le Maître de Saint-Gilles2, ils sont dédiés aux saints du diocèse, entourant au trumeau la Vierge à l’Enfant, comme le montrent la gravure de Le Gentil de La Galaisière et la description de l’abbé Lebeuf3. Quelques-uns ont pu être identifiés, notamment : au nord, saint Denis qui se tenait entre deux anges (dont une tête est parvenue au musée), au sud saint Jean-Baptiste et saint Étienne, patrons de deux des trois églises de l’ancien groupe cathédrale, sainte Geneviève et un saint évêque qui pourrait être saint Germain. Stylistiquement, avec ses visages doux et équilibrés, dont témoignent les deux têtes découvertes rue de la Santé et rue de la Chaussée-d’Antin, ce portail semble déjà pénétré d’un certain nombre d’éléments caractéristiques de la sculpture des années 1220, sans que les drapés en aient déjà la complexité. Aussi ne sommes-nous pas aussi certains que nos prédécesseurs4 que ce portail soit plus tardif que le portail central. Si l’on considère, ce qui semble plus logique dans l’évolution du chantier (et dans la mesure où rien ne permet de suggérer qu’un même artiste ait travaillé aux deux), que les deux portails ont été mis en place de façon relativement concomitante, on se trouve alors simplement face aux œuvres de deux artistes aux sensibilités légèrement différentes, l’un peut-être plus conservateur, l’autre ouvrant déjà la voie à un nouvel équilibre.
Fragment de partie basse d’un corps
1. LGLG88, p. 9.
2. Épisodes de la vie d’un saint, Washington, National Gallery, 1952.2.14.
3. Abbé J. Lebeuf, Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, Paris, Cocheris éd., 1863, p. 7-8.
4. Notamment Alain Erlande-Brandenburg et Dominique Thibaudat, Les Sculptures de Notre-Dame de Paris au musée de Cluny, Paris, 1982, p. 43.
Xavier Dectot
© Réunion des musées nationaux – Grand Palais, 2011 ; mise à jour : mai 2016