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Saint-Jacques-de-la-Boucherie est une église qui, paradoxalement, est aussi célèbre que méconnue. Si, en effet, tous les Parisiens connaissent la silhouette élancée de la tour Saint-Jacques, rares sont ceux qui y perçoivent le clocher de l'une des plus grandes et des plus riches paroisses parisiennes, détruite après avoir été vendue comme bien national en 1797. Si aujourd'hui n'en subsiste plus que le clocher, son histoire et sa structure nous sont bien connues grâce à la monographie que lui a consacrée Jacques Meurgey1.
La paroisse de Saint-Jacques-de-la-Boucherie est relativement tardive au regard de l'histoire des édifices parisiens. C'est entre 1109 et 1119 qu'une chapelle, donnée au prieuré de Saint-Martin-des-Champs, devint la paroissiale Saint-Jacques-de-la-Boucherie. L'édifice est reconstruit et agrandi vers le milieu du xiie siècle. On a en effet trace d'un échange effectué entre 1144 et 1148 par Eudes II, prieur de Saint-Martin-des-Champs, ad construendam unam partem capitis ipsius ecclesie2. L'accroissement démographique incessant de la paroisse fit que cet édifice fut constamment agrandi aux xiiie, xive et surtout au xve siècle, au point que bien peu subsistait de l'édifice originel. Les éléments du Musée national du Moyen Âge ont été retrouvés par Théodore Vacquer lors des fouilles qu'il effectua en 1852-1853, au moment du percement de la rue de Rivoli. Déposés alors, ils sont évoqués rapidement dans le catalogue d'Edmond Du Sommerard, mais leur provenance semble avoir été rapidement oubliée, puisqu'ils sont absents du catalogue Haraucourt et Montrémy, 1922. Ils ont été à nouveau identifiés par Jacques Meurgey : il s'agit de deux ensembles de bases d'un groupe de colonnes engagées (Cl. 19087 et 19089) et de trois bases isolées (Cl. 19088 a, b et c).
Les fouilles de Vacquer nous permettent de connaître les dimensions de l'église du xiie siècle : c'était un édifice de plan rectangulaire, de 31,50 m de long, terminé par un chevet plat, avec une nef à trois vaisseaux de cinq travées, le vaisseau central mesurant 7,50 m de large3.
Chapiteau d'angle fragmentaire
Six bases de colonnes engagées
Trois bases de colonnes engagées
Huit bases de colonnes engagées
1. Jacques Meurgey, Histoire de la paroisse Saint-Jacques-de-la-Boucherie, Paris, 1926. Cette étude a été profondément renouvelée, du moins pour ce qui touche à l'architecture, par Agnès Bos, Les Églises flamboyantes de Paris, xve-xvie siècles, Paris, 2003. Cette dernière reste cependant plus discrète sur les quelques éléments antérieurs au xve siècle.
2. Archives nationales, L 782, no 2, publié par Robert-Charles de Lasteyrie du Saillant, Cartulaire général de Paris, Paris, 1887, p. 297, cité et commenté par Jacques Meurgey, Histoire de la paroisse Saint-Jacques-de-la-Boucherie, Paris, 1926, p. 170.
3. Jacques Meurgey, Histoire de la paroisse Saint-Jacques-de-la-Boucherie, Paris, 1926, p. 196.
Xavier Dectot
© Réunion des musées nationaux – Grand Palais, 2011 ; mise à jour : mai 2016