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Il ne serait que très peu exagéré de dire que nous ne savons rien sur l'église Saint-Martial, dont deux chapiteaux du xiie siècle (Cl. 18624 et 18625), ainsi qu'un bénitier du xviie siècle (E. Cl. 19011), découverts à l'occasion de la construction d'un égout rue Constantine, en 1844, à l'emplacement de l'actuelle préfecture de police, sont alors entrés dans les collections du musée. Nous résumons ici les quelques éléments réunis par Jean Guerout et par Didier Busson1. À l'origine se trouve un monastère féminin, fondé sur l'île de la Cité par saint Éloi et placé sous l'administration d'une abbesse du nom d'Aure. L'église abbatiale était une basilique antérieure, dédiée à saint Martial et rénovée sous la conduite de saint Éloi. Il semble que l'on puisse l'identifier avec l'église mentionnée sous le nom de Saint-Éloi dans des actes carolingiens. Sur le monastère au xiie siècle, nous sommes réduits à suivre l'abbé Lebeuf2, qui signale que les religieuses furent dispersées en 1107 pour inconduite et que, en 1125, le monastère fut démembré entre les chapelles de Saint-Pierre-aux-Arcis, Sainte-Croix, Saint-Paul, Saint-Martial et, peut-être, Saint-Pierre-aux-Bœufs, érigées en paroisses un peu plus tard dans le xiie siècle. Il considère que l'église Saint-Martial est en fait implantée dans le chœur de l'ancienne abbatiale, ce que rejettent Jean Guerout et Didier Busson au vu des éléments archéologiques et topographiques. Il semble plutôt que, dans l'enceinte de ce monastère, un oratoire ait été placé sous le vocable de Saint-Martial à une date indéterminée, et que ce soit celui-ci qui soit devenu l'église Saint-Martial. Les fouilles de Théodore Vacquer, qui mit au jour ses fondations, semblent indiquer une construction d'époque mérovingienne, en matériaux hétérogènes mais avec des colonnes antiques en remploi. Comme toutes les petites paroisses de l'île de la Cité, Saint-Martial ne fut jamais riche et, en 1722, faute de parvenir à réunir l'argent nécessaire pour sa reconstruction, l'église fut détruite, ses paroissiens étant rattachés en 1725 à Saint-Pierre-des-Arcis. Elle fut en partie fouillée par Théodore Vacquer en 1862-18633.
L'oratoire fut-il construit ou reconstruit en partie en 1125 ? À l'examen des chapiteaux, il semble en fait que les travaux, et sans doute la transformation de l'église en paroisse, n'aient pas eu lieu avant un demi-siècle4. En effet, la puissance et la simplicité de leurs formes, qui rappellent certains chapiteaux de la nef de Saint-Julien-le-Pauvre, incitent à les placer dans les dernières décennies du xiie siècle.
1. Jean Guerout, « Les sanctuaires de la Cité autres que la cathédrale », dans Paris, de Clovis à Dagobert. Dossiers d’archéologie, t. 218, 1996, p. 53-55, et Didier Busson, Carte archéologique de la Gaule, Paris 75, Paris, 1998, p. 388-389.
2. Abbé J. Lebeuf, Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, Paris, Cocheris éd., 1863, vol. 1, p. 306-313.
3. Didier Busson, Carte archéologique de la Gaule, Paris 75, Paris, 1998, p. 389 et 471.
4. Xavier Dectot, « Saint-Martial », dans Autour de Notre-Dame, Paris, 2003.
Xavier Dectot
© Réunion des musées nationaux – Grand Palais, 2011 ; mise à jour : mai 2016