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Bras nord du transept
Bras sud du transept
Galerie des Rois
Parties hautes de la façade occidentale
Portail central de la façade occidentale
Portail du Couronnement
Portail Sainte-Anne
L’histoire de la cathédrale parisienne pendant la période médiévale épouse largement celle de la capitale en devenir. À une date indéterminée entre le ive et le vie siècle, une première cathédrale, dédiée à saint Étienne, flanquée d’un baptistère de plan centré logiquement dédié à Jean-Baptiste, est érigée à la pointe de l’île de la Cité. Probablement remanié à plusieurs reprises, le bâtiment atteint, au début du xiie siècle, près de 75 m de longueur pour 40 m de largeur et se divise en cinq vaisseaux. Ce n’est qu’à partir du ixe siècle que l’on voit apparaître dans la documentation un deuxième édifice, Notre-Dame, peut-être implanté à l’est de l’église principale. Vers 1160, tout le complexe est repris et de grands travaux sont lancés, qui commencent par des opérations de terrassement permettant d’annexer quelques îlots orientaux, d’agrandir l’île et de décaler la façade du nouvel édifice vers l’est. Les travaux, lancés par l’évêque Maurice de Sully, donnent au bâtiment une ampleur inédite. Conservant la largeur de l’ancien édifice, la nouvelle cathédrale s’étend désormais sur 120 m de long, sous des voûtes qui culminent à 35 m, et conserve le souvenir des anciens édifices, par le maintien notamment du plan à cinq vaisseaux. Comme souvent, les travaux commencent par les parties orientales, ce qui, dans ce cas précis, s’imposait d’autant plus qu’il s’agissait d’espaces gagnés sur le fleuve et qui pouvaient donc être construits sans démolitions préalables. Le chœur est achevé en 1177, puis le chantier se poursuit par la nef, qui vient aboutir sur la façade au début du xiiie siècle. Les travaux de la façade sont probablement encore en cours quand les baies hautes de la nef sont reprises et agrandies, tandis que, vers 1220, on commence à ajouter des chapelles sur les flancs. Les constructions se poursuivront jusqu’à la fin du siècle, et cette expansion entraînera l’agrandissement du transept au milieu de ce même siècle.
L’histoire des mutilations subies par les sculptures de Notre-Dame et de leur redécouverte est désormais bien connue, après les travaux de Dieter Kiempel, d’Alain Erlande-Brandenburg, de Michel Fleury et de François Giscard d’Estaing1. La plus ancienne toucha le portail central en 1771. Confiée à Soufflot, qui ouvrit un grand arc dans les deux linteaux et toute la partie centrale du tympan, elle visait moins à adapter la cathédrale à l’évolution de la liturgie qu’à celle de son apparat, et notamment au développement des grands dais de procession fixes. Puis vint la Révolution, qui endommagea profondément les sculptures, en deux fois2. Les fleurons des couronnes furent d’abord mutilés par un entrepreneur du nom de Bazin avant qu’un autre entrepreneur, Varin, ne fût chargé entre décembre 1793 et septembre 1794 de la dépose des statues. Quelques rares statues furent laissées en place, pour des raisons inconnues : la Vierge à l’Enfant du trumeau du portail du Cloître et le Saint Marcel du trumeau du portail Sainte-Anne, dont la partie supérieure fut cependant mutilée. Les statues restèrent alors entreposées pendant près de deux ans, avant que le Bureau central du canton de Paris ne charge l’architecte Petit-Radel de leur évacuation. Celui-ci procéda à une adjudication, emportée par l’entrepreneur Bertrand, qui les enleva rapidement. Après le constat de l’enlèvement le 7 septembre 1796 par Petit-Radel3, la destinée de ces fragments nous échappe, pour certains pendant près de deux siècles. Les premiers furent cependant retrouvés moins d’un demi-siècle plus tard : Albert Lenoir se rendit compte en 1839 que les pierres employées comme bornes autour du marché au charbon, rue de la Santé, étaient des sculptures gothiques. Trois membres de la Société nationale des antiquaires de France les identifièrent comme des éléments provenant de Notre-Dame4 ; le préfet Rambuteau les fit déterrer et déposer dans ce qui était alors le dépôt lapidaire de la Ville de Paris, le frigidarium des thermes de Cluny. Ces statues suivirent alors le sort du dépôt lapidaire et entrèrent dans les collections du musée en 1843. Puis, en 1857, le musée reçut en dépôt le trumeau du portail Sainte-Anne, démonté par Viollet-le-Duc et remplacé sur place par une copie de Geoffroy-Dechaume (Cl. 18640). Enfin, en 1977, les travaux de réfection du siège de la Banque française du commerce extérieur, l’hôtel Moreau, au 20 de la rue de la Chaussée-d’Antin, dans le 9e arrondissement (sur la rive droite donc, bien loin de l’île de la Cité), firent apparaître plus de trois cents fragments remployés dans les fondations. Jean-Baptiste Lakanal-Dupuget n’ayant pas été régicide, contrairement à son frère, on a parfois voulu voir dans ce remploi une volonté de protection des fragments survivants, mais l’hypothèse ne résiste pas à l’examen. En effet, les immeubles de la rue de la Chaussée-d’Antin sont, pour Lakanal-Dupuget, une simple opération de promotion immobilière ; les fragments ont été retrouvés dans les fondations des écuries, qui ne sont pas un lieu particulièrement prestigieux, ou en remploi dans la cour ; enfin, les traces d’outils montrent que l’on n’a pas hésité à poursuivre la mutilation des fragments subsistants pour mieux leur faire remplir le rôle que l’on attendait d’eux. Bien loin d’avoir été protecteur, le geste de Lakanal-Dupuget, s’il a permis aux œuvres de parvenir jusqu’à nous, n’en a pas moins poursuivi et amplifié leur destruction, due autant au vandalisme révolutionnaire qu’au manque d’appétence d’une époque pour l’art médiéval.
Flancs nord et sud ; Fragments de provenance indéterminée ; Bras du transept - indeterminés
1. Dieter Kimpel, « Le sort des statues de Notre-Dame de Paris. Documents sur la période révolutionnaire », Revue de l’art, 4, 1969.
Alain Erlande-Brandenburg, Michel Fleury et François Giscard d’Estaing, Les Rois retrouvés, Paris, 1977 ;
Michel Fleury, « Les sculptures de Notre-Dame de Paris découvertes », Bulletin monumental, t. 135(II), 1977, p. 160-161 ;
Michel Fleury, « Comment la façade de Notre-Dame retrouve une partie de ses sculptures », Archeologia, 108, 1977, p. 20-35 ;
Michel Fleury, « Rapport… sur la découverte de sculptures provenant de Notre-Dame de Paris au siège de la Banque française du commerce extérieur, 18 rue de la Chaussée d’Antin (9e) », Commission du Vieux-Paris, procès verbal de la séance du mardi 3 mai 1977, 1977, p. 4-19 ;
Michel Fleury, « Rapport… sur les fouilles archéologiques en cours : identification de trois fragments de statues-colonnes provenant du portail Sainte-Anne de Notre-Dame de Paris, provenant du 18, rue de la Chaussée d’Antin (9e) », Commission du Vieux-Paris, procès verbal de la séance du mardi 8 novembre 1977, 1977 ;
Alain Erlande-Brandenburg et Dieter Kimpel, « La statuaire de Notre-Dame de Paris avant les destructions révolutionnaires », Bulletin monumental, 1978 ;
Michel Fleury, « Les sculptures de Notre-Dame de Paris découvertes en 1977 et 1978 », Cahiers de la Rotonde, 1, 1978, p.50-52 ;
Alain Erlande-Brandenburg et Dominique Thibaudat, Les Sculptures de Notre-Dame de Paris au musée de Cluny, Paris, 1982.
2. Sur les destructions révolutionnaires, voir Michel Fleury, dans Alain Erlande-Brandenburg, Michel Fleury et François Giscard d’Estaing, Les Rois retrouvés, Paris, 1977, p. 14-23 et Alain Erlande-Brandenburg et Dominique Thibaudat, Les Sculptures de Notre-Dame de Paris au musée de Cluny, Paris, 1982.
3. Cité par Michel Fleury, « Comment la façade de Notre-Dame retrouve une partie de ses sculptures », Archeologia, 108, 1977, p. 30.
4. Arthur Nouail de Lavillegille, Adrien de Longpérier et Gilbert, « Rapport sur les statues du Moyen Âge découvertes à Paris, rue de la Santé en décembre 1839 », Mémoires et dissertations sur les antiquités nationales et étrangères publiés par la Société royale des antiquaires de France, t. XV, 1840, p. 364-369.
Xavier Dectot
© Réunion des musées nationaux – Grand Palais, 2011 ; mise à jour : mai 2016