Contenu Menu Aide et Accessibilité
Cl. 11789
Saint-Denis, 2e moitié du xiiie siècle
Calcaire gravé avec incrustations de plomb
H. 219 ; L. 106 cm
METRE:GUERIN:ET:MARGUERITE:SA:FAME:GISENT:CE:[...][AVE:MARIA:]
Proviendrait de Saint-Marcel de Saint-Denis. Utilisée comme âtre dans une cuisine de la ville. Achetée en 1840 par François Debret. Chantiers de Saint-Denis. Affectée au musée de Cluny en 1888.
Légèrement trapézoïdale, la plaque était bordée sur tout son pourtour d’une inscription dont ne subsistent plus que le début et les deux derniers mots. Au centre de l’espace ainsi délimité se dresse une croix aux extrémités fleuronnées. Sa longue hampe repose sur une base formée par deux tores séparés par une gorge profonde. À dextre sont disposés une scie et un fil à plomb, tandis qu’à senestre se reconnaissent une équerre et une truelle. La figuration de cette dalle est assez originale dans le paysage de l’art funéraire médiéval : plutôt que l’habituelle figuration des défunts priant sous une arcature, le tombier a ici manifestement représenté les instruments caractéristiques de la profession du défunt. Cela rend la datation de l’œuvre complexe car si l’on arrive assez bien à établir une chronologie relativement précise pour les dalles gravées, c’est en s’appuyant sur les deux éléments discriminants que sont le costume et la représentation architecturale, tous deux ici absents. Pour autant, la forme de la croix, avec ses extrémités fleuronnées caractéristiques, est une indication d’une datation plus tardive que celle traditionnellement avancée, dans la seconde moitié du xiiie siècle plutôt que dans la première, sans qu’il soit possible d’être véritablement plus précis.
L’un des intérêts majeurs de cette pièce est bien évidemment son iconographie. Outre les renseignements qu’elle apporte sur les instruments utilisés dans l’art de bâtir, elle appartient visiblement, même si la partie subsistante de l’inscription ne nous le dit pas de façon explicite, au groupe assez exceptionnel des tombes médiévales d’architecte. Certes, on sait aujourd’hui que, contrairement à ce que l’on a longtemps cru, ces dernières apparaissent dès le xiie siècle, donc bien avant celle d’Hugues Libergier, l’architecte de Saint-Nicaise de Reims. Elles ne sont pas non plus aussi exceptionnelles que l’on a bien voulu le dire, mais elles témoignent en revanche de la position sociale de ces hommes (qu’il suffise, par comparaison, de considérer le faible nombre de tombes d’orfèvres ou de peintres connues...). Pour autant, dans ce paysage dessiné soit par les pièces subsistantes soit par la documentation, la tombe de maître Guérin semble un peu à l’écart, d’une part parce que rien ne permet de rattacher cet architecte à un bâtiment (mais il y a probablement aussi là une conséquence de la perte d’une partie de l’inscription), d’autre part par le choix qui a été fait de ramener la personne aux seuls instruments de son métier. Il s’agit d’un témoignage particulièrement manifeste puisque c’est à sa profession même que le défunt dut de pouvoir accéder aux strates sociales dignes d’une pierre tombale, strates qui, en cette deuxième moitié du xiiie siècle sont encore peu nombreuses.
Désignations : Dalle funéraire ; Tombeau
Matières : Calcaire ; Plomb
Techniques : Gravure ; Incrustations
Sujet iconographique : Architecte
Motifs décoratifs : Croix ; Équerre ; Fil à plomb ; Scie ; Truelle
Périodes : 2e moitié du XIIIe siècle
http://www.sculpturesmedievales-cluny.fr/notices/notice.php?id=12
Xavier Dectot
© Réunion des musées nationaux – Grand Palais, 2011 ; mise à jour : mai 2016