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Cl. 18306
Cluny (Saône-et-Loire), 2e quart du xiie siècle
Pierre
H. 185 ; L. 36 ; Pr. 26,5 cm
Acheté par le musée de Cluny en 1911 à M. Lavergne, Paris.
Trouvé lors de travaux dans la maison de M. Lavergne à Cluny, ce pilastre est incomplet. La partie inférieure, dans une proportion impossible à déterminer, est détruite, ainsi que le chapiteau, probablement brisé assez violemment si l’on en juge par les épaufrures présentes en partie supérieure. Deux flancs seulement sont sculptés, quand un troisième porte un trou de scellement situé à peu près au milieu de la pierre.
La plus étroite des deux faces est décorée de cinq cannelures en réserve, celle du centre étant remplie par un rang de billettes. Les cannelures laissées vides se terminent, en leur partie supérieure, par un amortissement à pan oblique et convexe. L’autre présente un décor nettement plus complexe, ce qui permet d’affirmer que le pilastre se trouvait placé à gauche du lieu d’où il était destiné à être vu. De part et d’autre, deux cannelures terminées par les mêmes amortissements que sur l’autre face déterminent un large bandeau plat. Dans celui-ci, deux bandeaux, ornés de perles percées au trépan et se terminant en leur sommet par des palmettes en volute, se rapprochent et s’éloignent, formant une série de losanges superposés. Au point de jonction des deux bandeaux sont placés des anneaux décorés de feuilles séparés par des trous au trépan. De ce décor partent deux niveaux de rinceaux à palmettes retombant en volutes, également rehaussées de trous au trépan. Enfin, des tiges portant alternativement des fleurs à cinq pétales et des grappes de raisin occupent les interstices laissés vacants par les bandeaux et rinceaux.
Le lieu où ce pilastre a été trouvé laisse peu de doute sur sa provenance clunisienne. Celui-ci est en effet très proche de l’emplacement de la Porta Germanorum ou Porte des Allemands, localisée dans le mur nord de la huitième travée de la nef sur un plan de l’église gravé par P.-F. Giffart entre 1685 et 1713 et qui, selon Conant, « conduit de l’église dans les jardins de la communauté1 ». La découverte, en 1968, lors de la démolition d’un mur de haras, rue Porte-des-Prés, d’un fragment du pilastre formant pendant2, est venue renforcer cette certitude, tout en offrant une possibilité de localisation.
Bien que ne relevant que du seul répertoire décoratif, ce pilastre et son pendant témoignent de la richesse et de la virtuosité des ateliers de sculpture dans la grande abbaye bourguignonne au lendemain de l’achèvement du portail occidental. Le choix des motifs montre également combien les ateliers de sculpture étaient proches du scriptorium clunisien, rappelant certains des décors d’enluminures3.
1. Conant, 1968, p. 31.
2. Cluny, musée Ochier, inv. 69.3.1 et 84.5.4.
3. Par exemple, bibliothèque municipale de Mâcon, ms. 82.
Désignation : Modillon
Matière : Pierre
Technique : Sculpture
Motifs décoratifs : Entrelacs ; Fleurs ; Grappe ; Losanges ; Palmettes ; Raisin ; Rinceau
Périodes : 2e quart du XIIe siècle
http://www.sculpturesmedievales-cluny.fr/notices/notice.php?id=1169
Xavier Dectot
© Réunion des musées nationaux – Grand Palais, 2011 ; mise à jour : mai 2016