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Cl. 18640 (Cl. 2740;Cl. 2970)
Paris, Notre-Dame, vers 1145
Calcaire (liais parisien) avec traces de polychromie
H. 470 ; L. 37 ; Pr. 61 cm
Provient du trumeau du portail Sainte-Anne de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Déposé en 1857 par Geoffroy-Dechaume à la demande de Viollet-le-Duc et envoyé par ce dernier au musée de Cluny, réinventorié en 1860 et en 1912.
Restauration et suppression des ajouts de Geoffroy-Dechaume par Gérald Pestmal en 1982. Analyse de la pierre par Annie Blanc pour le Centre de recherche sur les monuments historiques en 1985.
Si la Révolution fut fatale aux statues-colonnes du portail Sainte-Anne, le trumeau, quoique vraisemblablement mutilé, et notamment décapité, par Bazin et Varin, resta, quant à lui, en place, pour une raison qui nous échappe. Il fut restauré une première fois en 1818 par un sculpteur du nom de Romagnesi, qui lui octroya une tête barbue et une mitre, et le pourvut d’un bras droit portant la main à ses lèvres. En 1857, Geoffroy-Dechaume reprit ces deux adjonctions, sur les instructions de Viollet-le-Duc, optant pour une tête imberbe et un geste de bénédiction du bras droit. Il compléta également la crosse et reprit le dragon. Une fois ces opérations effectuées, le trumeau fut déposé et remplacé par une copie. Présenté dans le jardin du musée puis, après 1890, dans le frigidarium, il fut entreposé en 1950 dans la tour nord de la cathédrale parisienne en raison de la réorganisation du musée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Il ne retrouva les salles qu’après que la Banque française du commerce extérieur eut donné les fragments du portail retrouvés dans les sous-sols de l’hôtel Moreau, donnant lieu à l’aménagement de l’actuelle salle Notre-Dame. À cette occasion, en 1982, Gérald Pestmal fut chargé de la dérestauration. Les adjonctions de Geoffroy-Dechaume furent alors soigneusement séparées du morceau original (elles portent désormais les numéros d’inventaire Cl. 18640 b et c). Une étude des traces de polychromie réalisée en 2000 par le Centre de recherche et de restauration des musées de France n’a pas permis de dégager de données satisfaisantes quant à la polychromie originelle.
Le saint est représenté en position verticale, sous un dais formé d’une assise rectangulaire, dont les trois côtés sont décorés de rainures verticales, sommé d’un demi-tambour également crénelé et précédé par une calotte godronnée sommée d’un bouton plat. De la main gauche, il tenait un bâton épiscopal, dont la pointe pénétrait la gueule du dragon. Les pieds sont posés sur un socle incliné, orné de deux arcatures aveugles et surmonté de deux colonnettes entre lesquelles est figurée une tombe entrouverte dans laquelle on aperçoit la femme possédée. De sa bouche sort le dragon, maîtrisé par le saint. Sur les côtés, le trumeau porte une série d’arcatures aveugles disposées par paires.
Malgré l’état assez imparfait de conservation de ce fragment, on ne peut qu’être frappé par l’exceptionnelle qualité de la sculpture. Les plis, aigus, soulignent les membres, tout en créant un jeu optique de relief et de lumière particulièrement animé. Les effets de courbes du bras gauche du saint sont à ce titre particulièrement remarquables, témoignant de la virtuosité des premiers sculpteurs gothiques.
Désignation : Trumeau
Matière : Calcaire lutétien
Technique : Sculpture polychrome
Sujets iconographiques : Dragon ; Femme ; Saint Marcel
Motif décoratif : Tombeau
Périodes : 2e quart du XIIe siècle
http://www.sculpturesmedievales-cluny.fr/notices/notice.php?id=1075
Xavier Dectot
© Réunion des musées nationaux – Grand Palais, 2011 ; mise à jour : mai 2016