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Cl. 18925 a (Cl. 12556)
Paris, Saint-Denis, vers 1140-1145
Calcaire
H. 26 ; L. 36 ; Pr. 29,5 cm
Proviendrait du cloître de l’abbatiale de Saint-Denis. Affecté au musée de Cluny puis inventorié en 1891 sans mention de provenance, réinventorié en 1912.
Sur un astragale formé par deux tores tangents, les corbeilles, circulaires à la base, s’évasent pour adopter en leur sommet la forme de l’abaque, très découpé, profilé d’un bandeau et d’un grain d’orge. Sur l’une des petites faces, deux queues de monstres et un bouquet de six feuilles opposées symétriquement sont retenus ensemble par une frette décorée d’anneaux percés au trépan. Les feuilles du niveau inférieur se recourbent vers l’astragale, quand les autres remontent obliquement vers le sommet de la corbeille. Le lobe supérieur de la feuille médiane de droite manque. La grande face située à gauche présente au centre, en bas, une tête monstrueuse maintenue penchée en avant par les pattes de deux monstres, une chimère à droite, un griffon à gauche. Des éclats manquent à la mâchoire du griffon et à la tête centrale. L’autre petite face porte au centre une figure humaine cantonnée par les arrière-trains de deux monstres aux queues enlacées. Cette face est très mutilée, et la tête de la figure n’est plus lisible. Sur la seconde grande face, on trouve, au lieu d’une tête monstrueuse, une tête humaine aux lourdes mèches striées et bouclées, au col orné d’un feston, que maintiennent inclinées les pattes de deux monstres, une chimère à gauche, un griffon à droite. La patte avant droite de la chimère manque, de même que la tête et les pattes avant et arrière gauches du griffon. La tête de l’homme est très mutilée. L’aile de la chimère est reliée à sa patte par une frette à double rang de perles. Sur la première petite face, le lobe supérieur de la feuille médiane manque.
Si l’attribution traditionnelle au cloître de Saint-Denis ne repose que sur un renseignement donné par Albert Maignan, selon l’inventaire de 1912, elle est cependant fort plausible. Comme l’a fait remarquer Léon Pressouyre, c’est probablement à ce chapiteau et au suivant (Cl. 18925 b) que fait référence Guilhermy dans ses notes de 1842-18431. La première, à notre connaissance, Anne Pingeot avait attiré l’attention sur la similitude entre ce chapiteau et certains autres du niveau inférieur du chevet de Saint-Germain-des-Prés. Philippe Plagnieux a poussé plus avant cette comparaison, montrant de façon convaincante que l’on pouvait attribuer certains chapiteaux du cloître, notamment celui-ci et le suivant, au même atelier que ceux des parties basses du chœur de Saint-Germain-des-Prés, les uns comme les autres pouvant être datés de la première moitié de la décennie 1140. On retrouve ainsi dans l’abbaye germanopratine la même figure des deux animaux fantastiques à la queue reliée autour de feuilles réunies en bouquet ou, sur un autre chapiteau, affrontés autour d’un protome masculin. Les basilics picorants de ce chapiteau sont d’ailleurs les mêmes que ceux du chapiteau Cl. 18925 b. Ce chapiteau et le suivant forment ainsi un témoignage essentiel de l’activité des ateliers de sculpture de la naissance du gothique, de leur présence sur plusieurs chantiers concomitants et de l’emploi qu’ils faisaient de modèles réutilisables.
1. B.n.F., département des Manuscrits, n. a. fr. 6122, fol. 36v : « Deux chapiteaux doubles, romans : feuillages, griffons ».
Désignation : Chapiteau double
Matière : Calcaire lutétien
Technique : Sculpture
Sujets iconographiques : Chimère ; Griffon ; Homme
Périodes : 2e quart du XIIe siècle
http://www.sculpturesmedievales-cluny.fr/notices/notice.php?id=1070
Xavier Dectot
© Réunion des musées nationaux – Grand Palais, 2011 ; mise à jour : mai 2016