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Cl. 18307
Cluny (Saône-et-Loire), 2e quart du xiie siècle
Calcaire
H. 90 ; L. 54 ; Pr. 6 cm
Provient de la maison de M. Lavergne, à Cluny. Acquise de lui en même temps que le numéro Cl. 18306 en 1911. Déposée en 1991 au musée Ochier de Cluny, où elle complète un ensemble d’arcades de même provenance (inv. 54.17, 54.30.33 et 58.02.24).
Sculptée dans un seul bloc, sur ses deux faces, cette arcade en plein cintre est décorée, sur le bord interne de sa face antérieure, d’un encadrement de feuilles galbées, séparées par des trous à la vrille ; de part et d’autre, deux piliers, celui de droite, complet, formé de cinq cannelures terminées en leur partie supérieure par un amortissement à pan oblique et convexe, quand celui de gauche, interrompu en son milieu, n’en compte que deux. Ils se terminent par des petits chapiteaux, ornés d’un ruban mou formant vaguelettes, supportant les quatre rangs de dés qui composent l’arc. Le pilier droit porte l’amorce, brisée, d’une seconde arcature. Dans l’écoinçon ainsi formé se trouve une rosace fleurie, inscrite dans un cercle rehaussé de billes évidées en leur centre, tandis qu’à gauche, le bloc ne porte qu’une demi-rosace, de structure plus simple. La corniche, incomplète, repose sur un rang de dés au-dessus de l’arcature. La base est moulurée d’un bandeau droit, d’une scotie et de deux tores, l’un fin, l’autre épais, séparés par un filet.
À la face postérieure, autour de la baie, l’encadrement est constitué, à droite, par un pilier à cannelures dont le chapiteau supporte un cintre à pans obliques, raccordé à gauche à un simple amortissement sans chapiteau ni pilier. Sur cette face, les écoinçons sont vierges de décor.
Ce morceau prend tout son sens lorsqu’on le rapproche de ceux trouvés en fouille par Conant en 1932 et entrés au musée Ochier de Cluny en 1954. Le grand archéologue américain attribuait les fragments à la clôture du chœur de Cluny III, hypothèse reprise ensuite par Edson Armi et Elisabeth Bradford. L’arcature aurait été formée de vingt baies, occupant toute la largeur de la nef. Le fait que Benoît Dumolin signale des travaux d’extension de la clôture du chœur dans les dernières années du xviie siècle ou dans les premières années du suivant1 tend à renforcer cette proposition. Le musée Ochier conserve en effet dans ses réserves des copies de la fin du xviie siècle de ces arcades, à la différence près qu’elles sont aveugles et non ouvertes, copies qui pourraient avoir été exécutées à l’occasion de cette extension. Brigitte Maurice – alors conservatrice du musée Ochier et auteur des notices de ces arcades dans le catalogue de l’exposition Cluny III, la Maior Ecclesia –, signalant que ces arcatures ont été découvertes en remploi dans un mur construit entre 1750 et 1770, à l’emplacement de la chapelle Notre-Dame de l’Infirmerie, rappelle que l’on ne peut exclure que les fragments proviennent de cette chapelle plutôt que de la clôture du chœur. Cependant, si l’on accepte le décompte, fait par Edson Armi et Elisabeth Bradford à partir des restes conservés tant en France que dans les collections américaines (Cloisters et collections particulières), d’au moins une vingtaine d’arcades, la dimension totale de la clôture, plus de 10 m de large, plaide effectivement en faveur de son implantation dans le vaisseau central de l’église abbatiale2. En ce cas, les arguments historiques avancés par Edson Armi et Elisabeth Bradford en soutien de leur analyse stylistique (à savoir la dédicace du mobilier liturgique par Innocent II en 1130) viennent renforcer l’hypothèse d’une datation dans la décennie 1120.
1. Dumolin, 1968, p. 31.
2. Signalons qu’une autre arcade se trouvait dans le commerce d’art new-yorkais, chez Michael Ward, à la fin des années 1990.
Désignation : Arcade
Matière : Calcaire
Technique : Sculpture
Motifs décoratifs : Dés ; Rosettes
Périodes : 2e quart du XIIe siècle
http://www.sculpturesmedievales-cluny.fr/notices/notice.php?id=1170
Xavier Dectot
© Réunion des musées nationaux – Grand Palais, 2011 ; mise à jour : mai 2016