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Cl. 18681
Paris, Saint-Jean-de-Latran, fin du xiie siècle
Calcaire
H. 256 ; L. 86 ; Pr. 54 cm
Proviennent du premier étage de la tour de la commanderie de Saint-Jean-de-Latran, détruite en 1854 lors du percement de la rue des Écoles, où ils supportaient les retombées des deux travées du premier étage de la tour. Affectés à cette occasion au musée de Cluny. Inventoriés en 1912.
Restauration par Hélène Gruau et Julie Butterfass en 1992.
Sur les conditions de l’entrée des fragments de la tour de Saint-Jean-de-Latran au musée et les incertitudes qui peuvent régner sur leur identification, voir ci-dessus. Notons cependant qu’ici l’inventaire de 1912 se montre affirmatif quant à la provenance, et que l’identification de l’œuvre, quoiqu’elle soit aujourd’hui démontée en réserve, est assurée. Les bases sont moulurées d’un gros tore, d’un filet, d’une doucine et d’un second filet que somme un petit tore. Une griffe part de la base du filet inférieur et, suivant la courbe du gros tore, rejoint l’angle du socle. Ce dernier, qui est séparé de la base par un bandeau vertical, consiste en un large chanfrein terminé par un tore, une doucine et un bandeau mouluré d’un grain d’orge. Bases et socles sont réunis en faisceaux de cinq, accolés, formant un demi-cercle.
Les chapiteaux, quant à eux, forment six ensembles différents. Tout d’abord, deux groupes de trois chapiteaux engagés, dans le premier desquels, sur des astragales en tore, les trois corbeilles sont disposées en triangle, sous un abaque très découpé, qui laisse transparaître le sommet de la corbeille dans ses échancrures. Le chapiteau central, d’un diamètre supérieur aux chapiteaux latéraux, fait saillie. Au registre inférieur, une feuille en fer de lance alterne avec une feuille d’eau plus grande qui se retourne. Les feuilles sont divisées par des nervures centrales, doubles pour les grandes, simples pour les petites. Au registre supérieur, sur chaque corbeille, deux grandes feuilles d’eau se retournent pour former crochet sous les angles de l’abaque. Le second groupe, s’il présente lui aussi des corbeilles circulaires placées entre des astragales en tore et des abaques très échancrés, avec une corbeille centrale plus large et saillante, diffère nettement par le décor. Au registre inférieur, on trouve une feuille d’eau placée entre deux demi-feuilles, alternant avec des tiges côtelées à deux nervures en biseau qui encadrent la feuille d’eau et se retournent en crochet à mi-hauteur. Au registre supérieur, des feuilles côtelées à trois rainures en biseau plat se rejoignent deux par deux sous les angles pour se terminer en crochet. Notons enfin que le sommet de la colonnette est sculpté dans la même assise.
Les quatre derniers chapiteaux sont isolés. Le premier, engagé dans un angle rentrant droit, porte, sur le sommet de la colonnette sculptée dans la même assise, un astragale en tore, une corbeille circulaire décorée, au premier registre, d’une feuille en fer de lance flanquée de deux autres feuilles plus grandes qui s’inclinent l’une vers l’autre pour former un crochet, au second registre, de trois feuilles d’eau à nervure en biseau qui se retournent sous l’abaque, formé par l’angle laissé en réserve de l’assise. Le deuxième, engagé dans un angle rentrant droit et de structure sensiblement identique, est décoré, au premier registre, au centre, d’une feuille en fer de lance refendue, flanquée de deux feuilles recourbées, dont les volutes sont accolées aux montants de l’assise, et, au second registre, de trois autres feuilles semblables, se retournant sous l’abaque. Le troisième, dans un angle rentrant gauche, est formé d’un astragale en tore, d’une corbeille circulaire décorée de trois longues feuilles, celle du centre nervurée d’un bandeau plat, se retournant sous l’angle de l’abaque, les deux latérales, aux bords soulignés d’un grain d’orge, se retournant obliquement pour rejoindre les montants de l’assise en petites volutes. L’abaque est formé par l’angle de l’assise laissé en réserve et profilé d’un grain d’orge. Le dernier chapiteau, de même structure que le précédent, porte au registre inférieur deux feuilles de laurier, nervurées d’un triangle acéré, et qui se termine à la base par deux gouttières, alternant avec trois grandes feuilles évasées, qui se bombent vers l’extérieur, avant de s’achever en une volute tournée vers l’intérieur sous le tailloir.
Ces deux piliers frappent par la diversité du décor végétal qui les orne, bien que l’on reste toujours dans la même forme générale du chapiteau à crochets. La vigueur de l’exécution, la souplesse des différents motifs, la richesse encore marquée du décor et l’ondulation des griffes incitent à placer ces deux piliers dans les dernières années du xiie siècle. Certains chapiteaux, notamment ceux engagés dans des angles rentrants, ne sont pas sans parenté avec les chapiteaux du haut vaisseau de Saint-Germain-des-Prés, qui ont pu leur servir de source d’inspiration1.
1. Plagnieux, 2000(1), p. 66.
Désignation : Pile
Matière : Calcaire lutétien
Technique : Sculpture
Motifs décoratifs : Feuilles d’eau ; Feuilles en fer de lance
Périodes : 4e quart du XIIe siècle
http://www.sculpturesmedievales-cluny.fr/notices/notice.php?id=1105
Xavier Dectot
© Réunion des musées nationaux – Grand Palais, 2011 ; mise à jour : mai 2016