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Cl. 18643 a (Cl. 12595a) et Cl. 18643 b (Cl. 12595b)
Paris, vers 1230-1240
Calcaire lutétien sculpté avec traces de polychromie rouge
H. 112 ; L. 115 cm
Provient de l’extrémité dextre du linteau inférieur du portail central de Notre-Dame de Paris. Mutilé en 1771 lors des travaux de Soufflot. Déposé en 1853 lors des restaurations de Viollet-le-Duc. Inventorié en 1891 puis en 1912.
Réintégration d’un fragment en 1924 par les marbriers du Louvre. Nettoyage en 1950 par la maison E. Bouet.
Cet élément est très fragmentaire. Les bords dextre et supérieur forment encore un angle droit, mais la partie inférieure du premier est abattue, et il manque une large portion de la partie inférieure. Notons qu’il apparaît encore complet sur un daguerréotype de 1843. Au bord senestre se voit encore la trace de l’entaille effectuée par Soufflot au moment des travaux de 1771 destinés à laisser passer les dais de procession. Quatre personnages sont encore au moins partiellement visibles : à dextre, un ange, l’une des ailes repliées derrière la tête, l’autre dressée, verticale, dans son dos, les joues largement gonflées, souffle dans une trompe. Ensuite, au registre supérieur, deux hommes sortent de leur tombe. Le premier, revêtu d’un linceul à peine visible sinon par deux ou trois légers plis froissés, le cheveu court et frisé, tourne vers le spectateur son visage au nez épaté et aux lèvres épaisses ; du second, légèrement de trois quarts, on n’aperçoit que la tête et le col. Au registre inférieur, un personnage coupé au niveau des épaules semble soulever le couvercle d’un sarcophage pris dans la végétation.
Ce fragment de linteau est l’un des éléments cruciaux dans l’appréhension du portail central de la façade occidentale de Notre-Dame de Paris et des transformations qu’il a subies. En effet, quoiqu’il soit le pendant du fragment de senestre (Cl. 18643 c), il en est très différent stylistiquement. Outre la variété des drapés du vêtement de l’ange, où cohabitent effets de froissé, plis à becs et plis tuyautés, les yeux en amande étroite comme les chevelures sont particulièrement caractéristiques, lisses sur le dessus de la tête, mais s’achevant en un bandeau bouclé sur la nuque, d’une façon qui, comme l’avait noté Alain Erlande-Brandenburg, annonce déjà le trumeau du réfectoire de Saint-Germain-des-Prés (Paris, musée du Louvre, ML 93, Baron, 1996, p. 83) et les apôtres de la Sainte-Chapelle (Cl. 18664 à 18669). L’état de mutilation dans lequel nous est parvenu ce linteau ne permet guère de savoir s’il y eut bien une reprise de sa partie dextre, mais cela semble très probable.
Notons enfin, sur le plan iconographique, que le personnage central du premier registre est indéniablement, malgré la perte de la polychromie, un Noir aux traits marqués, représentation qui, pour être rare au xiiie siècle, n’en est pas pour autant exceptionnelle ; en témoigne par exemple le Saint Maurice de la cathédrale de Magdebourg, avec lequel il partage notamment l’accentuation excessive des traits.
Désignation : Linteau
Matière : Calcaire lutétien
Technique : Sculpture polychrome
Sujets iconographiques : Ange ; Noir ; Résurrection des morts
Motif décoratif : Trompe
Périodes : 2e quart du XIIIe siècle
http://www.sculpturesmedievales-cluny.fr/notices/notice.php?id=44
Xavier Dectot
© Réunion des musées nationaux – Grand Palais, 2011 ; mise à jour : mai 2016