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Cl. 18934
Île-de-France, 3e quart du xiie siècle
Calcaire
H. 18,5 ; L. 53 ; Pr. 52,3 cm
Affecté au musée de Cluny puis inventorié en 1912 sans mention d’origine.
L’assise rectangulaire est profilée d’un bandeau souligné d’un grain d’orge surmontant un large chanfrein. Les quatre angles de ce dernier portent des masques, dont l’un a des oreilles pointues, quand celles des trois autres sont rondes. Chacun d’entre eux crache deux tiges côtelées, qui se recourbent en rinceaux sur les faces. Chaque tige se sépare en deux, l’une s’enroulant sur elle-même en multipliant les rejets, quand l’autre s’étend jusqu’au centre du panneau où elle rejoint l’extrémité du rinceau opposé pour supporter un fleuron retenu par une frette. Les pommettes saillantes des masques sont protégées par une mèche bouclant dans les écoinçons. Quelques détails différencient les faces : sur l’une d’elles, la frette est très ornée et les rinceaux portent, en leur centre, une pomme de pin ; sur les deux suivantes, la frette est festonnée, et les rinceaux abritent respectivement une pomme de pin et une grappe ; sur la dernière, la frette est également festonnée, mais les rinceaux abritent tous deux des pommes de pin. Hormis quelques usures et écailles, ce tailloir est dans un excellent état de conservation.
Comme pour le tailloir Cl. 18933, la provenance de ce morceau est inconnue. Se fondant sur les dimensions du lit de pose, un carré de 41 centimètres de côté, une note anonyme conservée dans les archives du musée propose d’y voir un tailloir provenant du cloître de Saint-Denis. En effet, les chapiteaux doubles provenant de ce cloître ont un lit d’attente dont le plus grand côté est d’environ 40 cm1. Mais les tailloirs pour chapiteaux doubles publiés par Léon Pressouyre comme provenant du cloître de Saint-Denis, s’ils sont proches dans leur hauteur et leur largeur, sont nettement moins profonds que celui qui nous concerne ici2. Là encore, l’hésitation domine. Ce décor de rinceaux ne se retrouve sur aucun chapiteau ou tailloir et, qui plus est, les masques s’avèrent fort différents des autres représentations anthropomorphes du cloître de l’abbaye dionysienne (chapiteaux du Louvre, du musée des Antiquités départementales de Seine-Maritime ou de l’ancienne collection Albert Maignan et, au Musée national du Moyen Âge, chapiteau Cl. 18925 a3). Et là encore, le décor de rinceaux, quoique travaillé avec soin, semble quelque peu répétitif au regard de la richesse imaginative de Saint-Denis. Plus que le précédent (Cl. 18933), ce tailloir semble postérieur aux chantiers romans et aux premiers chantiers gothiques, et appartenir à une époque où la première sculpture gothique s’était pleinement affirmée. À ce titre, les rapprochements effectués par Anne Pingeot avec certains chapiteaux du chœur de Notre-Dame de Paris semblent fructueux.
1. Pressouyre, 1986, p. 233-235.
2. Pressouyre, 1986, nos 8 et 9, p. 233. L’un et l’autre ont une profondeur estimée à environ 40 cm.
3. Pressouyre, 1986, no 7, p. 233, no 12, p. 234-235, no 14, p. 235-236, et no 15, p. 236. Voir aussi dans le présent catalogue le Cl. 18925 a.
Désignation : Tailloir
Matière : Calcaire lutétien
Technique : Sculpture
Motifs décoratifs : Grappe ; Palmettes ; Pommes de pin ; Rinceau ; Tiges côtelées
Périodes : 2e moitié du XIe siècle
http://www.sculpturesmedievales-cluny.fr/notices/notice.php?id=1139
Xavier Dectot
© Réunion des musées nationaux – Grand Palais, 2011 ; mise à jour : mai 2016