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Cl. 23127
Mort en 1258
Paris, 1250-1258
Calcaire lutétien sculpté avec traces de polychromie
H. 41 ; L. 30 ; Pr. 23 cm
Provient des ébrasements du portail du Cloître au bras nord du transept de Notre-Dame de Paris. Mutilée et déposée en 1793. Remployée dans les fondations de l’hôtel Moreau. Découverte lors des travaux du siège de la Banque française du commerce extérieur, 1977. Don Banque française du commerce extérieur.
Étude de la polychromie par Sylvie Collinart pour le C2RMF, 2000.
Sous une couronne à quatre fleurons arasés ornée de larges cabochons carrés disposés sur la pointe, séparés par deux autres cabochons carrés plus petits, une frange coupée court dépasse à peine au-dessus d’un front marqué de trois stries ondulantes et parallèles. Quoique le visage soit très mutilé, un œil est préservé, ouvert en amande, la paupière inférieure presque droite, au-dessus d’une pommette légèrement arrondie. La barbe se déploie en petites mèches terminées en coquille, disposée sur deux registres, tandis que les cheveux tombent jusqu’au milieu du cou, bouffant largement au niveau des oreilles et se terminant en rouleau. Sous un cou fin, un manteau ramené en écharpe sur l’épaule, aux larges plis écrasés, surmonte une robe aux courts plis serrés.
Malgré les dommages qu’il a subis, ce fragment, indéniablement l’un des Rois mages des ébrasements du portail du Cloître, construit sous la direction de Jean de Chelles, est l’un des plus beaux et des plus représentatifs de ce moment de la construction de la cathédrale. Pour l’essentiel, le style se situe dans une mouvance très classicisante, que l’on peut rapprocher notamment du Childebert du trumeau du réfectoire de Saint-Germain-des-Prés (musée du Louvre, département des Sculptures, ML 93, Baron, 1996, p. 83). On a aussi rapproché cette tête d’une tête de roi provenant de la cathédrale de Thérouanne et datant du deuxième quart du xiiie siècle (Saint-Omer, musée de l’hôtel Sandelin, sans numéro), où l’on retrouve effectivement un travail des cheveux et des yeux proches. Mais Jean de Chelles s’est également montré sensible à une figuration plus recherchée, plus douce, du visage, telle que celle que l’on trouve notamment sur l’apôtre « mélancolique » de la Sainte-Chapelle, avec lequel il partage une certaine élégance des traits et la façon de souligner le front pensif. Mais à tous ces éléments, il ajoute un sens du mouvement particulièrement vivace, rendu par la position légèrement désaxée du visage (tourné vers la Vierge du trumeau) et par l’ample retombée du manteau sur l’épaule, ouvrant ici une des voies les plus fructueuse de la sculpture des décennies suivantes.
Désignation : Statue-colonne
Matière : Calcaire lutétien
Technique : Sculpture polychrome
Sujets iconographiques : Roi ; Roi mage
Périodes : 3e quart du XIIIe siècle
http://www.sculpturesmedievales-cluny.fr/notices/notice.php?id=376
Xavier Dectot
© Réunion des musées nationaux – Grand Palais, 2011 ; mise à jour : mai 2016