Contenu Menu Aide et Accessibilité
L’histoire du décor intérieur de l’église de l’hôpital Saint-Jacques-aux-Pèlerins, consacrée sous le vocable de Saint-Jacques-de-l’Hôpital, est bien connue depuis la magistrale étude menée par Françoise Baron à partir des comptes conservés1. L’institution est, au départ, l’émanation d’une confrérie de riches bourgeois parisiens destinée à regrouper ceux qui avaient fait vœu d’effectuer, ou déjà effectué, un pèlerinage dans un lieu saint, pas nécessairement à Compostelle. Apparue à la fin du xiiie siècle, elle prend son essor dans les toutes premières décennies du siècle suivant, et c’est à cette époque qu’est construite l’église elle-même. Les confrères, qui sont autorisés à se réunir aux Quinze-Vingts en 1315, commencent à faire l’acquisition de terrains en 1317 et le 18 février 1319, la reine Jeanne de Bourgogne pose la première pierre des nouveaux édifices qui seront construits en une dizaine d’années. De l’église – finalement fort mal connue en raison du déclin de la confrérie à l’époque moderne, du peu d’intérêt que lui portèrent les historiens de Paris et de sa destruction au début du xixe siècle –, c’est essentiellement le décor intérieur qui retiendra notre attention. Les bâtiments furent vendus par lots entre 1812 et 1821 et ce qui restait de l’église fut détruit en 1829. Les travaux d’aménagement d’un magasin situé à l’angle des rues Mauconseil et Saint-Denis firent apparaître pas moins de quinze statues, dont un Saint Jacques assis, un pèlerin et un collège apostolique complet, y compris le Christ. Une partie de ces statues auraient été réenfouies sur place et ne semblent pas être réapparues depuis. Trois d’entre elles, dont le Saint Jacques assis, furent utilisées comme enseigne pour le magasin et disparurent peu à peu, victimes du désintérêt et du vandalisme quotidien. Cinq autres, enfin, furent livrées en paiement à un sculpteur du nom de Pommateau qui les restaura probablement, et qui est sans doute à l’origine de la disparition de la polychromie. Ces cinq statues furent vendues dix ans plus tard par sa veuve au musée de Cluny, et constituent aujourd’hui le seul témoignage du décor de l’église.
Les circonstances et les étapes de la réalisation ont été clairement établies par Françoise Baron. Entre 1319 et 1324, deux sculpteurs se voient confier la réalisation des apôtres. Guillaume de Nourriche en réalise deux, Robert de Lannoy, auquel est aussi confiée la réalisation de la polychromie de l’ensemble, en réalise quatre, avant que le chantier ne s’interrompe pour une raison inconnue. En 1326-1327, le seul Robert de Lannoy achève le chantier, réalisant les six derniers apôtres et probablement le Christ, bien que les comptes n’en nomment pas le sculpteur. Comme seules cinq sculptures sont aujourd’hui conservées, leur attribution à l’un ou l’autre des sculpteurs est un exercice périlleux, même s’il semble admissible que le Saint Jacques soit bien l’œuvre de Robert de Lannoy et que, de ce fait, par contraste, l’un des autres apôtres soit l’œuvre de Guillaume de Nourriche. Nous avons essayé de pousser plus loin le raisonnement, bien que rien ne prouve que l’on ait effectivement conservé l’un des apôtres de Nourriche ; ceci est d’autant plus crucial que l’apôtre Cl. 18759 a souvent servi de point de comparaison pour construire, de fait, sur des fondations bien instables l’œuvre de Robert de Nourriche.
1. Françoise Baron, « Le décor sculpté et peint de l’hôpital Saint-Jacques-aux-Pèlerins », Bulletin monumental, t. 133, 1975, p. 29-72.
Xavier Dectot
© Réunion des musées nationaux – Grand Palais, 2011 ; mise à jour : mai 2016